Grand-Métis, le 23 juin 2022. Les cinq nouveaux jardins du Festival international de jardins, présenté aux Jardins de Métis du 24 juin au 2 octobre, sont inspirés du thème « Adaptation », une réalité à laquelle nous faisons face, particulièrement depuis les deux dernières années. Pour vivre et survivre, l’humain, tout comme la nature, doivent faire preuve d’adaptation et de résilience. Douze concepteurs en provenance du Québec, de la France et des États-Unis convient les visiteurs à venir réfléchir à ce défi qui nous est lancé au quotidien.
C’est ainsi que des forteresses de bois ont été construites autour de quelques arbres pour les protéger des assauts des humains (Forteresses de Maison029 : Eadeh Attarzadeh, urbaniste et designer urbain et Lorenzo Saroli Palumbo, architecte de Montréal); que des anneaux de faïence changeront de couleur, comme le fait le lichen, pour s’adapter aux conditions dans lesquelles ils sont déposés (Lichen de Marie-Pier Gauthier-Manes, designer de l’environnement de Montréal et Chloé Isaac, céramiste, et Victor Roussel, artiste 3D de Paris); que des tournesols plantés la tête en bas, depuis un plafond de sphères, se retourneront vers le ciel pour pousser comme il se doit vers le ciel (Gravity Field de Terrain Work : Theodore Hoerr, architecte paysagiste, Kelly Watters, paysagiste et Rebecca Shen, designer de New York); que huit collines végétales s’élèveront pour révéler ce qui grouille sous nos pieds (Les huit collines de ONOMIAU : Noël Picaper, architecte de Paris); que des tasseaux de bois finement taillés s'assemblent au cœur d'une intrigante structure pour questionner, celles et ceux qui la traverseront, sur l'usage de la forêt et de l'espace, sur la cohabitation possible entre les ressources du territoire et l'humain (Forêt finie, espace infini? d’Antonin Boulanger-Cartier, Pierre-Olivier Demeule, Melaine Niget, stagiaires en architecture de Québec).
En complément des 27 jardins contemporains présentés aux Jardins de Métis, une installation satellite, constituée de 156 bouteilles de verre recyclées disposées en éventail devant le Centre d’art de Kamouraska, capte le vent du large et émet des mélodies rappelant les cornes de brume : Mer du vent d’Emmanuelle Loslier et Camille Zaroubi, architectes paysagistes et musiciens de Montréal. Leur installation, Miroirs acoustiques, créée en 2021, est à nouveau présentée sur le site du Festival international de jardins.
Les cinq nouveaux jardins du Festival international de jardins
FORTERESSES de Maison029 [Eadeh Attarzadeh, Lorenzo Saroli Palumbo], Montréal (Québec) Canada
L’idéologie romantique voulant que nos forêts prospèrent en l’absence de contact et d’interférence humaine a malheureusement été réfutée. Tant et aussi longtemps que l’humanité persiste sur son présent parcours, il est devenu irréaliste d’envisager que nos forêts puissent se défendre elles-mêmes.
Forteresses est une intervention symbolique proposant une façon agressive de protéger notre flore de son plus grand prédateur : nous-mêmes. La géométrie de chaque système défensif modulaire s'adapte à l’arbre qu’il protège, selon le type, la taille et l’âge de ce dernier.
Forteresses est censée être appréciée pour la beauté de ses géométries, en plus de pousser le visiteur à se questionner sur l’impact qu’il a sur son environnement et à lui rappeler que la flore est souvent incapable de se protéger elle-même.
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Diplômés de l’Université McGill, Eadeh Attarzadeh est urbaniste et designer urbain chez Stantec, Lorenzo Saroli Palumbo est architecte chez l’Atelier d’Architecture Saroli-Palumbo inc.
Ensemble, ils forment un duo multidisciplinaire et complémentaire, Maison029, ayant comme objectif d’offrir des caractéristiques uniques à chaque projet qu’ils réalisent. Pour se faire, ils cherchent à incarner et à amplifier les qualités du contexte d’insertion d’un projet par l’exploration ludique de la forme, de la matérialité, de la technique de construction et de la lumière. Que ce soit pour des projets d’architecture, de design urbain, de mobilier et de graphisme – le tout est fait maison.
LICHEN de Marie-Pier Gauthier-Manes, Chloé Isaac, Victor Roussel, Montréal (Québec) Canada / Paris, France
Le lichen est un organisme perceptif, malléable et muable. Il se métamorphose au contact du relief, de l’humidité et de la température ambiante. Comme son homonyme, Lichen est sensible aux perturbations qui affectent son environnement. Il est donc un précieux indicateur des changements environnementaux.
Composé de petits éléments délicats, il n’en reste pas moins une structure cohésive et résistante, qui sert à préparer le terrain pour d’autres espèces végétales. En déambulant entre ses thalles, on observe des éléments autrement invisibles se révéler en motifs colorés.
S’inspirant des pots en terre cuite, réels archétypes de nos jardins, cette installation est composée de
1 200 anneaux de faïence façonnés à la main puis cuits dans un four extérieur aux Jardins de Métis. Les capacités de drainage et de rétention d’eau de ce matériau permettent à la fois une irrigation plus constante du sol et une rétention plus longue de l’humidité.
Cet environnement permet à des plantes particulièrement sensibles aux variations de température et à la sécheresse de croître paisiblement. Son traitement thermochromique change son apparence suivant la température et il révélera ainsi différentes couleurs tout au long de la saison estivale.
Marie-Pier Gauthier-Manes est designer de produit et d’espace, Chloé Isaac est céramiste et designer graphique et Victor Roussel est artiste 3D. Ils ont tous trois étudié en design de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal.
C’est pendant leurs études qu’ils développent leur amitié et un réel plaisir à créer ensemble. Ils sont attirés par les propositions de design qui mettent les propriétés de la matière au premier plan ainsi que par les approches artisanales et écoresponsables.
Malgré leurs parcours scolaires similaires, ils sont maintenant des créateurs aux profils bien différents. Marie-Pier est la fondatrice de Studio Moodswings. Chloé et Victor sont maintenant basés à Paris et travaillent à leur propre compte
GRAVITY FIELD de TERRAIN WORK [Theodore Hoerr, Rebecca Shen, Kelly Watters], New York, États-Unis
Les plantes ont une capacité d'adaptation extraordinaire. Elles peuvent prospérer dans certains des environnements les plus rudes de la planète en répondant à une myriade de stimuli – soleil, eau, température, sol et gravité – pour se maintenir en vie. Les plantes sont également essentielles à l'existence humaine, car elles assurent la subsistance, les services écosystémiques et le piégeage du carbone.
Si elles jouent un rôle clé dans l'atténuation des effets du changement climatique qui menacent notre existence en tant qu'espèce, elles sont également vulnérables et doivent s'adapter rapidement à un climat en évolution rapide. Gravity Field démontre l'adaptation robuste des plantes, même dans des conditions difficiles.
Des tournesols sont cultivés à l'envers, mais ils se plieront vers le haut au fur et à mesure de leur croissance vers le soleil, défiant ainsi la gravité. Les plantes s'adaptent à leur environnement et font preuve de phototropisme, de gravitropisme et d’héliotropisme. Alors que l'avenir est incertain, Gravity Field met en lumière la puissante résilience de la nature, et reste optimiste quant à la capacité des plantes, et de tous les organismes, à s'adapter et à prospérer.
Theodore Hoerr est architecte paysagiste, directeur fondateur de Terrain Work, Kelly Watters est paysagiste associée et Rebecca Shen est stagiaire en design. Terrain Work est un studio international d'architecture paysagère, de design urbain et d'art public situé à New York, connu pour sa créativité et son innovation en matière de design.
Les paysages et les stratégies urbaines de Terrain Work prennent en compte la capacité innée du paysage à changer pour créer de nouvelles formes et expériences émergentes, qui font la synthèse entre la culture, la nature et l'environnement bâti. Ils abordent chaque projet avec une curiosité et un esprit de collaboration nés de la conviction que les paysages doivent être à la fois des provocateurs culturels et des systèmes écologiques.
LES HUIT COLLINES de ONOMIAU [Noël Picaper], Levallois-Perret, France
Conçues comme des structures évolutives, ces huit collines imaginent des spatialités biologiques. Au travers de matériaux inanimés et organiques, elles fabriquent des effets de vie. Chacune fonctionne de manière indépendante. Une fois rassemblées, à la manière d’un puzzle, elles dessinent une cartographie végétale.
Un paysage vallonné apparaît alors, capable d’offrir diverses expériences aux humains ainsi qu’aux non-humains (oiseaux en particulier). Servant à la fois d’assise, de micro-jardin, d’espace contemplatif ainsi que de réservoir écologique, cette installation offre également au visiteur une multitude de séquences spatiales à pratiquer (assises, cachettes, amphithéâtre, etc.).
L’intention derrière cet assemblage de surfaces est de révéler les richesses d’un environnement, tout en catalysant d’autres formes d’interaction pour divers êtres vivants. Onirique et support de fonctions, cette œuvre influe sur le climat en adoucissant la chaleur estivale grâce à ses ombrages et sa flore. Le projet Les huit collines élabore donc un paysage chargé de sens, ne cessant d’évoluer, tant par sa composition que par les cycles du vivant qu’il abrite.
Né à Bonn en Allemagne, Noël Picaper vit et travaille à Paris. Depuis septembre 2021, il enseigne à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand.
À la frontière entre architecture, art et biologie, les créations de Noël Picaper dressent le portrait d’un monde fait de paysages ludiques et oniriques, où l’humain et son milieu naturel cohabitent selon de nouvelles modalités. Après avoir travaillé pour Junya Ishigami au Japon, il crée en 2019, Onomiau, un collectif d’architecture et de design s’intéressant aux espaces expérimentaux et aux fictions architecturales. Onomiau est l’acronyme de « office for nomadic architecture ».
FORÊT FINIE, ESPACE INFINI? d’Antonin Boulanger Cartier, Pierre-Olivier Demeule, Melaine Niget,
Québec (Québec) Canada
De loin, Forêt finie, espace infini? prend l’allure d’une pile de bois scié, qu’aurait pu placer là un charpentier amateur dans l’attente de son prochain projet. Cette forme définie recouverte d’une bâche patiente dans le creux de l’été. Enracinée au milieu d’un sentier, l’installation gêne toutefois le passage. Sans pouvoir la contourner, se pourrait-il de la traverser : y faire face semble inévitable.
En s’approchant, on constate qu’un pan de la bâche s’est décroché, une embrasure invite à s’y glisser. À l’intérieur, une structure en tasseaux de bois finement assemblés dévoile un parcours modulé par un jeu de pleins et de vides. Que sont tous ces tasseaux adroitement ordonnés et pourquoi cherchent-ils à rejoindre l'infini? Ne sont-ils pas contraints par cette bâche que l’on aperçoit depuis l’extérieur?
En levant les yeux au ciel, un bref coup d’œil aux grands arbres suggère une ultime réflexion : si l’espace que l’on construit émane d’un monde aux ressources finies, et qu’il ne peut par conséquent être infini, cette forêt savamment sculptée le peut-elle?
Antonin Boulanger Cartier est stagiaire en architecture chez Bourgeois Lechasseur Architectes. Il est aussi candidat à la maîtrise en sciences de l’architecture au sein du partenariat Habiter le Nord québécois de l’Université Laval.
Melaine Niget est designer urbain et stagiaire en architecture chez Groupe A / Annexe U. La polyvalence de sa formation en architecture et design urbain l’a amené à s’impliquer dans plusieurs groupes de recherche à l’École d’architecture.
Pierre-Olivier Demeule est titulaire d’une maîtrise en architecture, d’une maîtrise en science et occupe un poste de stagiaire en architecture au sein de la firme ABCP architecture. Au cours des dernières années, son intérêt pour le patrimoine bâti informel et vernaculaire l’a amené à travailler sur différents projets en collaboration avec les populations autochtones.
À propos du Festival international de jardins
Le Festival international de jardins est le plus important festival de jardins contemporains en Amérique du Nord. Depuis sa création en 2000, quelque 200 jardins ont été présentés in situ à Grandâ€Métis et dans des lieux extraâ€muros au Canada et à l’étranger. Le Festival se déroule sur un site adjacent aux jardins historiques, permettant d’établir un dialogue entre l’histoire et la modernité, entre la conservation, la tradition et l’innovation. L’événement propose chaque année une vingtaine de créations réalisées par plus de soixante architectes, architectes paysagistes et concepteurs de diverses disciplines. L’événement est présenté grâce aux soutiens financier du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec et de Patrimoine canadien.
À propos des Jardins de Métis
Lieu historique national du Canada et site patrimonial du Québec, les Jardins de Métis constituent depuis maintenant 60 ans un arrêt incontournable pour tous ceux qui visitent la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. Espace culturel, destination touristique et paysage emblématique, les Jardins de Métis offrent aux visiteurs des expériences de connexion à la nature apaisantes et innovatrices. Situés au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Mitis, ils ont été conçus par Elsie Reford de 1926 à 1958. Ils figurent au palmarès des jardins nord-américains les plus réputés et sont considérés parmi les 150 grands jardins au monde. L’année 2022 marque le 150e anniversaire de la naissance de sa créatrice
Les Jardins de Métis seront ouverts tous les jours dès 8 h 30, jusqu’au dimanche 2 octobre 2022. En tout temps, l’admission est gratuite pour les enfants de 13 ans et moins. Visitez le https://jardinsdemetis.com pour connaître tous les détails de la programmation. Hydro-Québec est partenaire des Jardins de Métis depuis 1999.
Les Jardins de Métis participent, le premier dimanche du mois, à la mesure de gratuité dans les musées pour les résidents du Québec du ministère de la Culture et des Communications.
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Source :
Corine Jacob
Directrice de l’expérience client et des communications
corine@jardinsdemetis.com